Je tire ma flèche
Allez ! Je tire ma flèche. Dans le mille, comme d’habitude ! Il est vrai que je suis doué dans les jeux de tirs, mais c'est bien dans celui-là que j'excelle ! Evidemment, la dame me regarde de nouveau et me fécilite du regard. Ce malaisant regard... Ensuite, elle se concentre, fixant sa cible (et pas assez ses doigts à mon goût), mais paraît toujours dérangée par quelque chose sur son épaule. Soudain, elle s’agite en pestant :
- Mais putain, lâchez-moi !
Elle vire de côté, orientant sa flèche en direction du couple occupé à recharger. Elle relache la pression de ses doigts, laissant l'objet fuser sur une nouvelle cible non préparée : le garçon.
- NOOON ! hurle-t-elle.
La flèche s'arrête dans son cou. Comme il s’apprétait de nouveau à tirer, son sursaut le fait lacher prise et sa propre flèche vient se planter dans la poitrine de sa copine.
Des cris d'effroi viennent déchirer l'atmosphère. Le sang gicle.
Tous les deux meurent.
La dame à l'origine de ce carnage pousse un nouvel hurlement d'horreur. Moi, éclaboussé par le sang de la fille, ne peux me retenir de vomir. Je me sens mal, tellement mal. Je me pensais suffisamment à l'affût, suffisamment à la hauteur. Si seulement j'étais resté concentré, je sais que j'aurais été capable de l'intercepter. D'empêcher cet accident. Je le sens.
J'aurais pu !
L'odeur de mes propres expulsions me conduit à vomir de plus belle. Je tourne de l'oeil. Je suis pris de vertiges. Soudain, je sens à mon tour une flèche transpercer mon coeur. Putain que ça fait mal ! Je ne l'avais pas venu venir, celle-là.
Je relève la tête, c'est la voyante de la tente blanche. Elle me fixe avec un sourire diabolique pendant que la foule panique et fuit les lieux.
Quel idiot ! J'avais bien le sentiment qu'on voulait ma peau ici.
Tout devient noir. Je me vide de mon sang. C'est terminé.
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